Météorites Exceptionnelles Tombées en France


La Météorite d' ENSISHEIM

Alsace, France

7 Novembre 1492, 11h30...

Après une formidable explosion, une pierre noire d'environ 150 Kg fut retrouvée dans un cratère de 2 mètres de profondeur, dans un champ de blé, près des murs de la ville d'ENSISHEIM. C'est un jeune garçon, seul témoin de cette chute, qui conduisit les gens jusqu'au point de chute. Aussitôt sur place, la foule s'empressa de prélever des fragments de cette "Pierre tombée du ciel" en guise de porte bonheur... Ce pillage fut heureusement arrêté par le bailli ( maire ) qui ordonna que la pierre soit portée sur le seuil de l'église...

19 jours plus tard, le 26 novembre 1492, le jeune roi Maximilien, héritier de la famille des Habsbourg, futur empereur d'Autriche, fit son entrée dans la ville d'Ensisheim. Il se fit apporter la pierre et vit alors en elle un signe miraculeux et de bonne augure pour le prochain combat à mener contre les Français... Il ordonna alors qu'elle soit conservée dans le choeur de l'église où elle y resta pendant 3 siècles...

Le premier texte relatant cet événement est une lettre de Sébastien Brant (1458-1521), professeur de littérature à l'université de Bâle. Dans ce texte, écrit en latin et en allemand, il parle d'une "pierre de tonnerre", assimilant la chute à un signe divin. Cette lettre est illustrée d'un dessin représentant la chute de l'objet céleste.

Cette lettre servit donc à des fins politiques et incita habilement le roi Maximilien à déclarer la guerre à Charles VIII. En effet, le 26 Novembre 1492, lorsque le jeune roi entre dans Ensisheim, il a déjà pris connaissance de la lettre de Sébastien Brant qui lui signifie clairement que Dieu est avec lui et qu'il peut déclarer la guerre à Charles VIII. Ce qu'il fit après avoir vu la pierre et en avoir récupéré deux morceaux ...

Le conflit se termina par la victoire des Autrichiens sur les Français et la signature du traité de Senlis...

En l'an III de la République, la météorite se retrouva au musée de Colmar pendant dix ans. C'est en 1803 que la ville d'Ensisheim la récupère pour la placer à nouveau dans son église, suspendue au clocher. C'est le 6 novembre 1854 que l'église voit son clocher s'effondrer. La météorite est alors remisée à l'école, puis à la mairie.

Aujourd'hui, cette célèbre météorite est conservée dans l'ancien palais de la Régence à Ensisheim.

De part les nombreux prélèvements de fragments effectués sur cette pierre au fil des ans, cette météorite ne pèse plus aujourd'hui que 55 Kg. Elle est classée dans la catégorie des Chondrites à olivine et hypersthène, LL6.  

 

La Météorite de L'AIGLE

Normandie,France

26 Avril 1803, 13h00...  

Chondrite à olivine hypersthène bréchique L6

"...le mardi 6 floréal de l'an XI vers une heure de l'après-midi, l'air était tranquille, le ciel était serein, quand on aperçut de Caen, de Pont-Audemer, et des environs d'Alençon, de Falaise et de Verneuil, un globe en flammes, d'un éclat très brillant, et qui se mouvait dans l'atmosphère avec beaucoup de rapidité."

 

C'est en ces termes que Jean-Baptiste Biot commence son rapport sur la chute de "pierres de tonnerre" dans la commune de L'Aigle.

A cette époque, l'origine des "pierres tombées du ciel" était controversée. Malgré les hypothèses de Chladni en 1794 qui défendait l'idée que ces pierres provenaient de l'espace et engendraient les bolides lumineux en raison de la chaleur dégagée par friction dans l'atmosphère, beaucoup de scientifiques refusaient de croire à une origine extraterrestre dans ces pierres. Les derniers doutes à ce sujet furent définitivement balayés après la publication à l'Institut de France du rapport de Jean-Baptiste Biot sur la nature de la chute de L'Aigle.

C'est près de trois mille fragments qui s'abattirent dans la région de L'Aigle le 26 avril 1803 à 13 h. Convaincu de l'origine des météorites, Jean-Baptiste Biot fut envoyé sur place deux mois après pour étudier précisément la nature de cette chute. Il rédigea la première carte d'un champ de répartition de météorites, l'ellipse de chute, de près de 11 Km2.

 

 

Accompagné d'un guide, Jean-Baptiste Biot parcourut la campagne à la recherche de témoignages et de spécimens de météorites. Les témoignages rassemblés émanent de plus de vingt hameaux dispersés sur une grande étendue, les témoins étant de moeurs et d'opinions différentes.

"...les moutons alors serrés les uns contre les autres, saisis d'une grande frayeur."

"...cela avait commencé par un roulement de tonnerre qui dura sans interruptions pendant cinq minutes..."

"...semblables à des décharges de mousqueterie."

"...les pierres tombaient en sifflant tout autour d'eux, comme de la pluie..."

"...elles exhalaient une odeur de soufre si désagréable qu'on fut obligé de les mettre dehors..."

Jean-Baptiste Biot indique dans son rapport que tous ces témoignages relatent un phénomène "...qui concourt à faire admettre qu'il est tombé des pierres aux environs de L'Aigle le 6 floréal de l'an XI."

Jean-Baptiste Biot finira son rapport en ces termes: "...je me suis borné dans cette relation à un simple exposé des faits; j'ai tâché de les voir comme tout autre les aurait vus, et j'ai mis tous mes soins à les présenter avec exactitude. je laisse à la sagacité des physiciens les nombreuses conséquences que l'on peut en déduire, et je m'estimerais heureux s'ils trouvent que j'ai réussi à mettre hors de doute un des plus étonnants phénomènes que les hommes aient jamais observé."

 

Grâce au rapport de Jean-Baptiste Biot, l'origine extraterrestre de ces "pierres tombées du ciel" ne faisait plus aucun doute.

Le physicien Chladni fut alors honoré pour sa clairvoyance...

 

 

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